La révolution numérique continue de transformer profondément le monde financier. Dernière preuve en date : l’annonce conjointe de Goldman Sachs et BNY Mellon qui vient marquer une étape clé dans l’adoption de la tokenisation des actifs financiers traditionnels.

Qu’est-ce que la tokenisation ?

La tokenisation consiste à transformer des actifs réels en tokens numériques, autrement dit, des représentations uniques, programmables, et transférables d’une valeur réelle. Ces tokens permettent d’intégrer directement la gestion des actifs dans des processus financiers automatisés, apportant une efficacité inédite à un secteur encore largement manuel et archaïque.

Un changement majeur dans les fonds monétaires (MMF)

Goldman Sachs et BNY Mellon se lancent désormais dans la tokenisation des fonds monétaires, un marché mondial colossal évalué à 7,1 trillions de dollars. Ces fonds monétaires, gérés par des géants tels que BlackRock, Fidelity, et Federated Hermes, sont souvent utilisés par les entreprises et les gestionnaires d’actifs pour placer leurs liquidités à court terme dans des instruments sûrs, comme les bons du Trésor ou le papier commercial.

Cependant, malgré leur importance cruciale, ces fonds continuent de fonctionner avec des infrastructures datant de plusieurs décennies. La tokenisation promet de moderniser tout cela.

Pourquoi ce changement est-il significatif ?

La transition vers les actifs tokenisés apporte plusieurs avantages décisifs :

• Règlement instantané : Les transactions sont validées presque instantanément, sans délai et sans interruption, même les week-ends et jours fériés.
• Programmabilité : Des conditions d’éligibilité, règles de conformité, et contrôles réglementaires sont intégrées directement dans les tokens, réduisant considérablement le besoin d’interventions humaines.
• Propriété fractionnée : Les investisseurs peuvent désormais acheter des fractions de fonds plus petites, plus flexibles, difficilement réalisables sous les structures traditionnelles.
• Suivi en temps réel : Toutes les opérations de transfert ou changements de propriété sont inscrits sur une blockchain, améliorant la transparence, l’auditabilité et la gestion des risques.
• Facilité de collatéralisation : Les fonds tokenisés peuvent être plus facilement utilisés comme garantie ou transférés entre contreparties, ce qui constitue un avantage notable pour la gestion de trésorerie et de liquidités.

Concrètement, comment fonctionne ce partenariat ?

• BNY Mellon distribuera les fonds monétaires tokenisés auprès de ses clients institutionnels via LiquidityDirect, sa plateforme de gestion de trésorerie.
• Goldman Sachs assurera l’enregistrement et le suivi de la propriété des tokens sur sa blockchain privée, apportant rapidité et transparence aux opérations.
• Cette initiative inclura des fonds gérés par des acteurs majeurs tels que BlackRock, Fidelity, et Federated Hermes.

Pourquoi maintenant ?

La récente loi américaine, le U.S. Genius Act, clarifie le cadre légal autour des stablecoins et des actifs tokenisés, levant ainsi les derniers freins réglementaires. Cette nouvelle donne juridique ouvre la voie à une adoption généralisée de la tokenisation par les institutions financières.

Et après ?

Cette avancée pourrait profondément remodeler les attentes autour des opérations de trésorerie, de la gestion de liquidités, et du règlement des actifs financiers. Les gestionnaires d’actifs et les institutions devront rapidement adapter leurs infrastructures et leurs processus pour rester compétitifs.

Déjà, des expérimentations en cours visent la tokenisation d’autres classes d’actifs, tels que les obligations souveraines, les actions ou même l’immobilier. Le mouvement est lancé et pourrait très vite devenir incontournable.

La finance traditionnelle s’apprête à entrer pleinement dans l’ère numérique. Goldman Sachs et BNY Mellon viennent d’envoyer un signal fort : la tokenisation n’est plus seulement une innovation prometteuse, mais bien la prochaine étape cruciale de la modernisation financière.